"Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est la saveur de la journée qui s'ouvre, c'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose,c'est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c'est demain, éternellement demain. Je pars..." Roland Dorgelès

lundi 1 août 2011

Homestay chez les Akhas - Village de la province de Chiang Rai, Thailande

J'arrive maintenant au terme de mon voyage en Asie, et je constate que mes meilleurs souvenirs resident dans les moments de partage avec les populations locales et les autres voyageurs. J'aime apprendre et comprendre d'autres cultures, j'aime mes yeux etonnes face de nouvelles coutumes, j'aime quand tant de choses passent dans un simple regard. 

Je voulais que Lucie puisse vivre des moments authentiques comme ceci, c'est pourquoi j'ai souhaite que nous partions en trek a la decouverte des ethnies montagnardes qui peuplent les provinces du Nord de la Thailande. Elles viennent essentiellement des pays limitrophes : Tibet, Chine, Birmanie, Laos, et s'installent depuis deux siecles, fuyant l'oppression. La plupart n'ont que le statut de refugies et vivent chichement de leurs cultures (depuis que le trafic d'opium est reprime par le gouvernement thai). Chaque ethnie possede sa propre langue et des us et coutumes specifiques. J'ai eu l'occasion de rencontrer les shans en Birmanie, reconnaissables a leurs foulards a carreaux dans les cheveux. 

J'ai choisi une agence de tourisme responsable, Natural Focus, dont une partie des benefices reviennent directement aux populations, qui sont encourages a poursuivre leurs activites et leurs traditions. 
En effet, depuis le debut de mon sejour en Asie du sud-est, je constate le commerce qui est fait au detriment de ce qu'on appelle vulgairement les femme-girafes, ces femmes qui empilent des anneaux autour de leurs cous, dont le poids affaisse les clavicules, renforcant l'impression de longs cous. Ces femmes et ces enfants sont aujourd'hui completement exploites par l'industrie du tourisme, chaque photo ou visite etant vendu a prix d'or. Aussi, la plupart des agences proposent des treks dans les villages ou sont parques ses femmes. Je precise que ces gens ont le statut de refugies car ils sont illegalement emmenes de la Birmanie, ou ils vivent, appartenant a l'ethnie des Karens, au territoire thai. Je prends cet exemple, car c'est peut etre le plus flagrant, mais de nombreux villages aussi perdent peu a peu leur autonomie car ils rejettent l'agriculture au profit des revenus plus "simples" apportes par le tourisme. C'est ainsi que progressivement, les minorites culturelles s'evanouissent au fil du monde...

J'aurai aime partir trois jours et deux nuits afin de davantage profiter de ces instants uniques, mais un groupe etait deja constitue pour deux jours, nous avons donc du nous joindre a eux. Ce trek porte assez mal son nom car il est davantage acces sur la vie dans les familles que sur la marche elle-meme, ce qui nous convenait tout a fait.

Nous sommes arrivees a Chiang Rai, point de depart du trek, la veille afin de visiter le musee dedie aux ethnies montagnardes. Nous avons appris a propos de leurs cultures, leurs costumes, et des enjeux pour les prochaines annees. 

Le lendemain, nous sommes enfin parties avec 5 autres personnes et notre guide, dans un village Akha de la province de Chiang Rai. Nous sommes accueillis par une delicieuse famille, dans une maison sur pilotis en bambou, a l'entree du village. Une dizaine d'enfants jouent et s'amusent sur la terrasse dominant la superbe vallee, au depart assez timide vis-a-vis de nous, avant de se detendre peu a peu. Nous mangeons un assortiment de plats typiques de cette region montagneuse, a base de legumes cultives dans le village, et de porc ou de poulet. Les plats sont poses au milieu de la table et chacun met dans son bol de riz ce qui lui plait. C'est egalement une region reputee pour son the, que nous aurons le plaisir de gouter tout au long de ces deux jours. 
Dans l'apres-midi, nous partons, des grappes d'enfants rieurs a chaque main, dans le village puis dans la campagne alentours. C'est une balade tres agreable, qui nous plonge dans la vie quotidienne des habitants. Les enfants sont adorables et prennent un plaisir immence a nous montrer les enormes araignees tissant leurs toiles dans les feuillages! Un autre passe-temps pour eux consiste a trimballer un gros insecte au bout d'une corde, apres lui avoir arrache les pinces....
Le soir, nous nous retrouvons tous a la cuisine pour preparer le repas du soir. Notre guide traduit les propos en thai de la fille de la famille, qui elle-meme traduit les paroles en dialecte local de ses parents! Nous apprenons ainsi que la famille est venue de Birmanie il y a 35 ans, fuyant la dictature et ses horreurs. La femme etait alors enceinte et a porte son premier enfant de trois ans durant les trois nuits qu'a dure leur fuite. Ce couple est tres emouvant et leurs sourires communicatifs. Nous sentons combien ils sont heureux de recevoir des etrangers qui s'interessent a leur culture chez eux. Nous dormons dans la piece commune, bercees par la pluie qui se fracasse sur le toit en taule. 

Le soleil est revenu le lendemain matin. Nous en profitons pour nous balader dans le village, ou l'excitation est a son comble car l'epicerie ambulante est la! Comme nous sommes dimanche, les femmes ont revetus leur costume traditionnel magnifiquement ouvrage, qu'elles mettent pres d'un an a confectionner. 
Nous partons ensuite dans la jungle jusqu'a une cascade. Le chemin est tres perilleux, car pentu et rendu extrement glissant par les pluies de la veille. Nous arrivons apres bien des peripeties a la riviere et nous appretons a faire un feu pour cuisiner dans du bambou quand une averse nous surprend. Notre guide prie alors et souffle sur les nuages pour les dissiper (bien que convertis au christianisme par les missionnaires, les Akhas ont conserve leurs croyances animistes) mais rien n'y fait, il nous faut rebrousser chemin si l'on ne veut pas rester coincer par la boue. Le retour est encore plus difficile et nous glissons tous a tour de role sur le flanc de la montagne. Nous n'en menons pas large... Oh joie de retrouver le village finalement! 

Les quelques heures precedant notre depart sont consacrees a l'apprentissage de l'artisanat local, par la confection de bracelet en perles notamment. Nous montrons quelques photos de notre famille pour partager avec eux un peu de nous egalement. 

Je suis tres touchee de partir deja, gardant en memoire ces instants magiques de partage et de decouverte, emue par la joie de ces gens a nous accueillir dans leur intimite. Lucie est heureuse d'avoir vecu une telle experience et retient particulierement les moments de complicite partages avec les enfants.

Nous nous rendons ensuite dans le petit village de Mae Salong, pour y passer nos derniers jours avant notre retour definitif a Bangkok mercredi.

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