"Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est la saveur de la journée qui s'ouvre, c'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose,c'est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c'est demain, éternellement demain. Je pars..." Roland Dorgelès

mercredi 23 février 2011

De Goa a Rishikesh, traversee d'un pays en emotions - Uttaranchal, India

Je suis allee passer quelques jours a Goa avant de prendre mon train pour Rishikesh, a la rencontre d’Audrey. J’ai choisi une plage du sud plutot isolee et calme, fuyant l’esprit Ibiza du reste de Goa, en m’installant a Agonda.

J’ai trouve un bungalow sur la plage pour 300Rps la nuit, et le patron s’est revele sympathique et genereux, ce qui a mis un peu de soleil dans ces deux jours plutot mornes ou je me suis bien ennuyee! La plage n’est definitivement pas pour moi! Cela etant, je me suis baladee dans la campagne environnante et y ai apprecie la vie simple des villageois.
Puis il fut temps de monter dans ce train, pour 39h de trajet interminable jusqu’a Delhi. J’etais comme toujours en Sleeper Class, soit la classe populaire, ou je n’ai pu obtenir qu’une couchette en bas, ce qui ne me permettait aucune intimite ou moment de repos en journee.


Je crois que ce trajet m’a fait toucher du doigt mes limites, en ce qui concerne la salete, la promiscuite, les odeurs, le bruit… Je me suis retrouvee entouree d’hommes, envahissants et curieux comme a leur habitude, luttant contre les blattes, dans des odeurs melees d’urine et de friture, traversant des paysages de decharges publiques servant pourtant de village a des gens. L’arrivee a Delhi au petit matin me fit encore plonge dans cet univers ou des familles vivent dans la merde, excusez moi du mot, au milieu des ordures et des egouts, ou la pollution laisse un voile noir et crasseux sur tout ce qu’elle couvre, ou respirer sans un chale devient presqu’impossible tant la puanteur est tenace et vous colle a la peau…

Retrouver Coline, ma coloc d’Auroville, a la gare routiere, fut une bouffee d’oxygene et de fraicheur et les 8h de bus qu’il me restait a parcourir jusqu’a Rishikesh se firent dans la joie, les potins et la bonne humeur!

C’est avec une joie non dissimulee que j’ai pu serrer Audrey dans mes bras après ces quelques 50h de trajet!

Nous avons repris nos habitudes au Last Chance, notre guest house habituelle ou nous vivons comme en famille avec William, un francais vivant en Nouvelle Caledonie. Cette ambiance Home Sweet Home me fait un bien fou et l’air pur des montagnes rafraichie par la brise du Gange me porte joie au coeur.

Nous avons parcouru 20km dans la montagne hier afin de nous render a un petit temple tres venere ici, dedie a Shiva. Le rude chemin (3h de montee) s’est parcouru au milieu des pelerins, grimpant en famille ou entre amis, dans la joie et la bonne humeur, lancant aux vents des incantations divines. Le temps nuageux ne nous a pas permis d’avoir de vues splendides, mais la marche en elle meme m’a fait beaucoup de bien après ces jours d’inactivite.





Coline est partie ce matin pour d’autres aventures. Afin de boucler la boucle, nous avons fait une partie de Tao tous ensemble, du moins nous avons essaye! Car outre le fait que nous ne sommes pas du tout formees a l’animation du jeu, nous jouions avec un indien parlant anglais mais pas francais et quatre francais ne parlant que peu l’anglais. Ce fut donc pour moi tres difficile de mener le jeu tout en traduisant aux differentes parties. Aussi, ce ne fut pas une partie memorable mais nous avons neammoins passé un bon moment.

Nous devrions monter a Tosh d’ici la fin de semaine, afin de partager le quotidien d’Audrey. Ce petit village perche a 2500m d’altitude ne me permettra pas de rester en contact internet avec vous, ne vous en inquietez donc pas. Mon portable reste disponible, tant que la batterie tient le coup entre les longues coupures d’electricite!

mardi 15 février 2011

Gokarna, les vacances dans les vacances - Karnataka, India

C'est donc le coeur serre que je monte dans le bus de nuit qui me menera en 10h dans le petit village cotier de Gokarna. C'est une ville de pelerinage qui compte de nombreux temples, et, a quelques kilometres, quatres plages superbes. 

Je rencontre deux francaises dans le bus, Steph et Elodie, que je suivrai jusqu'a la seconde plage de Om Beach. Le paysage magnifique ne suffit pas a me faire oublier mon cafard et c'est une journee assez difficile qui se deroule sous le soleil de plomb mais avec une eau delicieuse. Je passe ma premiere nuit seule depuis plus de deux mois et j'avoue que c'est agreable de retrouver un peu d'intimite. Le bruit de la mer me berce pour une longue nuit sans reve. 

Nous partons le lendemain pour une plage plus isolee, Paradise Beach. Le trajet en bateau nous reserve de beaux points de vue sur la cote decoupee, menageant quelques criques ici et la. Cette petite plage porte bien son nom, un petit paradis! Quelques huttes en bambou proposent logement et nourriture, s'accordant bien au paysage de Robinson Crusoe que l'on peut savourer ici. Nous trouvons deux petites huttes en hauteur, donnant sur la baie bien sur. Mon lit est amenage dans la roche, j'adore!

Un chemin a travers les roches permet de rejoindre les autres plages, toutes plus jolies et sauvages les unes que les autres. L'acces difficile protege je pense ce paradis d'un trop grand afflux touristique.

Bien que je sois dans un environnement idyllique, je ne parviens pas a me defaire de mon sentiment de nostalgie, j'ai donc hate de retrouer Audrey dimanche. Tout cela correspond egalement a mes trois mois de voyage. Je savais que c'etait un cap a passer, mais je savais pas qu'il se manifesterai ainsi chez moi! En effet, je n'ai pas le desir de rentrer, bien au contraire, plutot celui de parcourir encore des routes, d'ici et d'ailleurs ; simplement, ne pas pouvoir partager avec des gens qui me connaissent et que j'aime me pese un peu. Sans cesse rencontrer de nouvelles personnes, pour quelques heures ou quelques jours, repartir a zero avec tous, se livrer a de presqu'inconnus qui ne le resteront pas bien longtemps, et recommencer encore et encore! Plus la rencontre est forte, plus se quitter est difficile et me met face au fait que je voyage sans un proche. Bref, une bonne idee que de retrouver Audrey a ce moment la!

Je suis arrivee ce midi au village de Gokarna meme, et prends mon train demain matin pour Goa. Deux jours encore avant de prendre la route du nord et vous livrer d'autres aventures!

Les photos arrivent au plus vite, et sont deja sur facebook pour les curieux!

Hampi. coup de coeur parmi les ruines - Karnataka, India

Aucun mot de pourra resumer ce que j'ai pu vivre a Hampi, je vais pourtant essayer de vous faire partager la beaute extraordinaire de ce site et des rencontres que j'y ai faite, durant les cinq jours ou j'y suis restee. 

Il m'a fallu affronter 10h de train de jour, entassee dans un compartiment pour 6 avec deux couples indiens pestant parce que je ne souhaotais pas manger, les jambes des femmes entre les miennes, leurs baluchons egalement ; 

Le train, encore vide!


puis 14h de train de nuit ou j'ai avec plaisir fait la rencontre de Coralie et Garlonn, deux jeunes bretonnes forts sympatiques. 

Coralie et Garlonn

Mais comme ca valait le coup!!

Des l'arrivee par bus, on comprend que l'on arrive ici dans un site incroyable, peuple de roches tenant en equilibre les unes sur les autres et de temples en ruines rayonnant dans le soleil. 

Nous trouvons grace aux indications de Laurence, une super guest house au bord de la riviere, qui porte bien son nom de Garden Paradise! Un bungalow en bamboo, une terrasse ombragee reservant une vue superbe, une atmosphere detendue, propice aux rencontres... Le sejour commence bien!

Ma hutte

Ma vue!

Je decouvre Hampi en grimpant sur une roche, au coucher du soleil, afin d'en decouvrir l'immense superficie. La lumiere du crepuscule est magnifique, et la journee du lendemain s'annonce deja belle et riche :)



Je parcoure ainsi les ruines les plus proches, seule, pour la premiere fois depuis bien longtemps! Je prends le temps de m'y perdre et chaque pierre me reserve une surprise : une sculture, une gravure... Le site degage une serenite malgre l'afflux touristique, et il y a toujours possibilite de se retrouver seule.

Vue sur Hampi Bazar













Le paysage environnement n'est que riziere et palmiers, patchwork de verts a l'infini... La proximite de la riviere et la possibilite de s'y rafraichir apporte encore au plaisir du lieu. Mais les photos parleront bien plus que mes mots derisoires! 

Bananeraie





Riziere


Hanuman Temple






J'ai fait une tres belle rencontre egalement, Manu et Valerie, un adorable couple de francais, qui m'ont bouleverse par leur generosite et leur profond amour. Nous avons passe deux jours ensemble, a ne rien faire d'autre que de profiter, de la vie, du temps qui passe ; a parler de nos desirs, de nos aspirations et de nos croyances... Il a fallu nous quitter pour cette fois, mais il semblerait que ce ne soit pas la derniere :) Voici les coordonnees de leur blog, ecrit et compose a 4 mains :http://manudupinde.over-blog.com/


C'est donc a regret que j'ai quitter ce paradis, forcee par mon retour proche a Rishikesh de me rapprocher de Goa ou je prend mon train le 18 (seulement 39h, le reve...!!).

dimanche 6 février 2011

On m'a pousse dans les bras d'Amma! - Ashram d'Amma, Kerala, India

Je viens de vivre cinq jours dans l'ashram d'Amma, situe entre Allepey et Kollam, dans une zone tres rurale du Kerala, en bord de mer et au coeur d'une palmeraie. 

J'avais plusieurs fois entendu parler de cette femme, ce gourou, qui prenait inlassablement les gens dans ses bras, depuis des dizaines d'annees, en Inde comme partout ailleurs dans le monde. C'est en rencontrant deux canadiens, enfants d'Amma tous les deux (c'est a dire disciples), que j'ai eu l'envie de me rendre dans son immense ashram, pour vivre son enseignement quelque temps. 

L'amour et la compassion sont au centre de sa spiritualite :  « L’amour est notre véritable essence. L’amour ne connaît pas de frontières de caste, de religion, de race ou de nationalité. Nous sommes tous des perles enfilées sur le même fil de l’amour. » —Amma. En prenant les gens contre son coeur, elle veut repandre son message partour dans le monde, donnant a chacun une etincelle de cet amour incommensurable. Elle consacre egalement sa vie a de nombreuses oeuvres de charite, ecoles, hopitaux, orphelinat... tous l'argent provenant de l'ashram allant a un de ses programmes.

Cet ashram est je pense un des plus grand du pays, accueille des milliers de personnes, pour une journee ou pour une vie. C'est un ensemble de batiments rose pale, au centre duquel se dresse un temple dedie a Kali, une des incarnations feroces de la Mere Divine. Une ville dans la ville s'est cree ici, avec une librairie, une piscine, des restaurants, des magasins... Mais ne nous y trompons pas, on ne vient pas ici, comme dans n'importe quel autre ashram d'ailleurs, pour prolonger ses vacances mais bien pour apprendre et surtout vivre selon la spiritualite du maitre spirituel. Des gens du monde entier se presse ici, de tout age et de toute religion, pour rencontrer Amma, recevoir son darshan (etreinte), faire une pause.....

Les journees sont rythmees par des temps de meditations collectives, des bhajans (chants devotionnels), des heures de seva (travail desinteresse). 
Pour ma part, j'ai ete affecte au service du cafe continental lors du petit dejeuner. Une toute nouvelle experience comme vous pouvez l'imaginer! Bien que le rythme soit soutenu durant trois heures, le contact avec les gens (en anglais s'il vous plait!) et la proximite de la nourriture m'ont permis de passer de bons moments. Outre de contribuer a la vie en communaute, les temps de seva permettent d'apprendre a etre en conscience de ce que l'on fait "dans la vie" et non seulement durant la meditation, a travailler sans attendre de retour, en se preoccupant de l'action et non du resultat de cette action. Rappelez-vous, j'avais fait de meme lors de ma retraite au centre zen il y a un mois. 
« Le monde doit savoir qu’il est possible de consacrer sa vie à aimer et à servir autrui d’une manière désintéressée. » —Amma

Amma est arrivee a l'ashram deux jours apres mon arrivee, apres avoir parcouru le sud de l'Inde pendant un mois. Son retour marque le debut d'une nouvelle dynamique dans l'ashram, les devots l'attendant avec impatience.
Les bhajans du soir m'ont particulierement marque. Tous reunis autour d'elle et de ses plus fideles disciples, nous chantons pendant 1h30, des chants dedies a Khrisna, Shiva ou Amma. Il regne une belle energie, la musique est entrainante, nous la rythmons parfois en frappant dans nos mains. La presence d'Amma rend tout plus beau et plus pur, sa voix est profonde et elle transmet beaucoup de joie et d'amour. 
Le dernier jour, Amma est venue mediter avec nous a la plage. Ce fut un moment d'echange et de partage, comme il est peut etre rare d'en vivre avec des gourous de son ampleur. Cette femme, que l'on croit ou non a son enseignement, que l'on soit sensible ou non a ses valeurs et sa spiritualite, degage beaucoup de chaleur et de bienveillance. 

Bien entendu, au coeur de cette semaine, il y eu l'attente du darshan (benediction, c'est a dire, en ce qui concerne Amma, son etreinte). Chacun attend ce moment avec plus ou moins d'impatience, d'incredulite, d'interrogations... Pour ma part, ayant entendu de nombreux temoignages de gens ayant vu leur vie transformee apres cette etreinte, j'ai tente de ne m'attendre a rien pour etre receptive au moment et laisser venir ce qui devait arriver. Je m'attendais a le recevoir samedi mais, contre toute attente, Amma a decide de donner un premier darshan jeudi, en fin de matinee. Ainsi, je n'ai pas eu le temps de me preparer ce qui etait sans doute mieux. 
Apres avoir recu mon ticket, tel un sesame, j'ai pu prendre ma place dans la file des pelerins attendant patiemment son tour. J'ai ainsi pu observer pendant pres d'une heure, Amma prenant dans ses bras chacun arrivant devant elle, poussee de facon experte par les mains de ses disciples. De loin, cela ressemble a une foule desordonnee se pressant agenouillee a ses pieds, sans qu'elle ne maitrise grand chose de tout cela. Pourtant, il est clair qu'elle controle chacun de ses gestes et donne quelques secondes d'attention a chacun.  J'ai ressenti beaucoup d'emotions et etre temoin de ses scenes souvent fortes pour les disciples, certains fondant en larmes a ses pieds ou quelques metres plus loin. 
Au fur et a mesure que j'approchais d'elle, mon apprehension grandissait : peur de faire un geste deplace, de ne pas etre a la hauteur de cette etreinte... Evidemment, ce sont de bien basses preoccupations et rien de tout cela n'a lieu d'etre pour quelqu'un qui prend le monde contre son coeur. Les secondes precedants le moment ultime, je n'ai plus rien compris, agenouillee par des mains inconnues, moulees par les corps avoisinants, poussee de toute part pour enfin me retrouver entre ses bras, quelques secondes de paix et de calme, alors qu'elle me murmurait "ma cherie" a l'oreille. Rapidement, on m'evacue de l'estrade et je titube quelques metres jusqu'a la premiere chaise venue.C'etait donc ca....
Difficile de reflechir sereinement a ce moment echappant a toute reference. Rationnellement, je peux seulement constate que mon trouble a ete plus grand durant l'attente ou lors des bhajans qu'au cours de ses secondes de benedictions, tout se passant tellement vite. Pourtant, un sentiment de calme et de serenite m'a envahi et a persiste un moment. Je pense que cela doit etre d'autant plus fort que l'on se sent proche de son gourou et de sa philosophie, que l'on attend ce moment depuis des semaines ou des annees. 

Cette experience dans cet ashram, autour d'un gourou femme et "In Live", pronant des valeurs simples et universelles, m'a interesse et interpelle. J'en suis ressortie plus riche mais avec encore tellement d'interrogations... Comment proner l'humilite quand on est soit meme venere par des milliers de personnes, quand sa photo trone partout, et que des dizaines de fideles vous suivent dans tous vos deplacements?  La devotion reste egalement pour moi un petit mystere, provoquant chez moi autant d'admiration et de securite que d'aversion et d'incredulite. Le fait que c'etait un immense centre m'a par contre un peu derange, une vraie ruche bourdonnante du matin au soir, foule anonyme et empressee. J'aimerai pouvoir me rendre dans un ashram plus petit, me permettant d'avoir un accompagnement plus proche.

J'ai tente en quelques minutes de vous donner un bref apercu de mon sejour la-bas ; je ne suis pas tres sarisfaite de mon ecrit, aussi, pour plus d'infos, rendez-vous sur le site d'Amma en France et pour un joli temoignage sur le site de psychologies

Trop peu de temps a consacrer a vos mails en ce moment, bien que je les lise tous attentivement. Je vous promets une seance de reponses personnalisee d'ici quelques jours a Hampi. En attendant, 26 heures de train m'attendent! Belle semaine a tous