"Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est la saveur de la journée qui s'ouvre, c'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose,c'est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c'est demain, éternellement demain. Je pars..." Roland Dorgelès

lundi 24 janvier 2011

Rameshwaram, escale au bout du monde

Ce billet est un billet un peu special car il vous arrive de tres loin... de tellement loin qu'on appelle ca le bout du monde... la ou plus rien d'autre n'existe que la terre, l'eau et le ciel... la ou les elements se rencontrent pour former un tout unique et universel...

Je suis arrivee a Rameshwaram vendredi matin, apres 9h de train de nuit en couchette. C'etait la premiere fois que j'empruntais les rails pour voyager en Inde, me deplacant en bus habituellement. L'ambiance dans la gare etait agreable, entre les vendeurs de badjis (beignets) et de chais, les familles endormies par terre en attendant la prochaine rame... Nous avons voyager en sleeper classe, classe populaire ou chaque compartiment comprend 8 couchettes en sky. J'ai ete impressionne par le bruit assourdissant des ventilateurs qui brassaient l'air surchauffe a quelques centimetres de nos couchettes (nous avions choisi d'etre en haut pour plus d'intimite et de confort), de la lumiere crue des neons et surtout, surtout, de l'absence total d'air veritable, les fenetres grillagees etant situees tout en bas! Du coup, effet boite de conserve garantie et bonjour la claustrophobie!



Heureusement, j'ai pu trouver rapidement le sommeil comme a mon habitude et c'est presque fraiche et dispose que je suis arrivee a 4h du matin au village. 

Je suis parvenue au centre-ville dans une charette tiree par un poney, la ville etant deja bien animee malgre l'heure matinale, grace au fait que le temple ouvre ses portes a 4h egalement. 
Rameshwaram est en fait un ile reliee au continent par le pont Indhira Gandhi.



C'est un haut lieu de l'Hindousime dedie au dieu Rama, dont les rituels sont complementaires avec ceux de Benares. Ainsi, la ferveur religieuse y est a son comble. C'est aussi un simple village de pecheurs de 30 000 habitants, hors des circuits touristiques classiques (nous croisons 6 occidentaux en 3 jours).

Le temple est impressionnant par sa taille et son architecture. Il comprend en effet de longs couloirs bordes de colonnes sculptees, aux plafonds couverts de rosaces multicolores ou de scenes legendaires, ce qui provoque une perspective interessante.




22 puits et bassins forment un circuit permettant aux pelerins de se purifier peu a peu, jusqu'a pouvoir atteindre le sanctuaire de Rama, au coeur du temple. 
Nous avons pu assister aux rituels en spectateur. Les devots semblaient au comble de la joie d'etre en ce lieu si sacre, j'imagine que certains attendent cela depuis des annees et que ca representent enormement pour eux. Nous sommes accueillies partout avec le sourire et la curiosite, sans l'animosite que l'on percoit parfois envers les non-hindouistes dans les lieux saints. Je suis restee pres de deux heures a contempler la foule des pelerins recevant l'eau sacree par des seaux lances par les brahmanes, ecoutant leurs chants et admirant leurs sourires.



Deja Rameshwaram m'a conquise!

Puis, nous partons nous balader au bord de mer. Nous assistons a la suite du rituel de purification sur la plage des pelerins : couleurs des saris flottants dans l'eau, rires des enfants s'eclaboussant, mugissement de la vache perdue sur le sable....




Les autres plages nous reservent beaux paysages et charmantes rencontres dans les differents villages de pecheurs traverses, malgre la vie rude et spartiate, ce sont des sourires qu'ils nous transmettent. Partout, une curiosite innocente, une timide demande de photos, ou bien les questions habituelles posees en pouffant de rire derriere les foulards.





Le lendemain, nous partons pour Danishkodi ou le bout du monde. C'est un endroit situe a 20 km du village, qui represente l'aboutissement du rituel pour les pelerins. En effet, c'est la que Rama, pour sauver sa femme Sita des mains de Ravana qui l'a detient au Sri Lanka (a 33km de la), construit un pont pour relier les deux iles et la ramener avec lui. Les bancs de sable qui subsistent forment le Rama's bridge, a la rencontre des deux oceans, rendant la baignade en ses lieux, sacree. 
La bus...



Avec Myrriam et Richard, rencontre la veille

 nous depose a quelques 5 km du bout, nous permettant de vivre durant 3h, une des plus belles balades que j'ai pu faire jusqu'a maintenant... C'est un lieu absoluement sublime, ou la mer est turquoise, les vagues lechant le sable a perte de vue, tandis que des dunes se sont formees un peu plus loin , ou es pecheurs tirent leurs filets colores et trient le poisson sur la plage, ou l'on marche en pensant que jamais nous n'en verrons le bout...










Et pourtant... Soudain, des deux cotes, on s'apercoit que l'on voit l'eau, la langue de sable s'etant peu a peu affinee et au loin encore, on apercoit l'eau aussi, le bout du monde... C'est avec un melande de joie et de serenite que je parcours les derniers metres de cette balade, ecrasee de chaleur mais heureuse de parvenir au saint des saints.



Un groupe de brahmanes (la plus caste en Inde, celle des pretres), reunis ici pour realiser une puja pour une jeune femme ne parvenant pas a se marier, nous proposent de suivre le rituel avec eux. C'est ainsi que nous sommes benies, et assistons aux chants rituels, face aux flots agites. Quelle belle arrivee!




Nous nous immergeons ensuite dans la mer, prenant conscience de notre chance d'etre ici et de vivre ce que nous vivons. Nous restons plusieurs heures, presque seuls, parfois rejoints par un groupe de pelerins, a profiter de ce temps hors du temps.




Nous rentrons dans une jeep avec d'autres pelerins, traversant parfois les flots car la maree est montante. La route du retour nous reserve encore de sublimes paysages, dans les tons bleus, verts et jaunes... Une journee memorable!


Afin de cloturer en beaute notre etape de charme a Rameshwaram, nous sommes retournees au temple le soir, avant la fermeture. Une procession conduite par un elephant suivi d'un char dore transportant Parvati (femme de Shiva) parcoure les couloirs au son des tambours. Ambiance tout a fait differente, peut etre plus solennelle.Un joli moment en tout cas, avant de poursuivre ma route vers Madurai.



Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aime Rameshwaram, qui concentre tout ce que j'aime de l'Inde. Je repars la tete pleine d'images et de souvenirs...jusqu'a la prochaine fois! 

 Je suis actuellement a Madurai, ou j'ai rejoins Laurence et Melanie, rencontree en Grece en juin!

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