"Le voyage pour moi ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est la saveur de la journée qui s'ouvre, c'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose,c'est la curiosité de confronter ses rêves avec le Monde, c'est demain, éternellement demain. Je pars..." Roland Dorgelès

lundi 27 décembre 2010

Evolution - Auroville, India

Une semaine de plus a Auroville et japprends encore tellement... Jai limpression davoir accumule beaucoup dinformations et que jai maintenant besoin de temps et de solitude pour les traiter et les integrer. En ce sens, ma retraite a Kodaikanal prevue dans une semaine sera la bienvenue et tombera a point nomme dans mon processus evolutif. 

Les liens entre ce que nous appelons en Occident le corps et lesprit prennent ici tout leur sens. Au fur et a mesure que je perds en rigidite mentale, que je laisse evoluer mes croyances, je gagne en souplesse du corps et me redresse a vue doeil. Je me sens plus axee, a la fois ancree dans la terre et en lien avec le ciel. 
Les temps de meditation que je maccorde regulirement me permettent de mettre en pratique les enseignements que je tire de ma pratique debutante du yoga et de constater levolution qui sopere petit a petit. Si je ne vous parle pas davantage du yoga, cest parce que je nen ai pas les competences et manque de connaissance en la matiere mais cette pratique est pour moi une vraie revelation et revet je crois un caractere capital dans ce que je suis en train de vivre. En effet, en passant par le corps, je mouvre a tout le reste et me sens beaucoup plus receptive. [Pour les connaisseurs, ce que Sylvie nous transmet est sa pratique en Qi Kong (excuse moi lorthographe) et Hatha Yoga].

Je poursuis avec passion ma lecture du livre "Au dela de lespece humaine - La vie et loeuvre de Sri Aurobindo et de La Mere". La aussi, quoi que je decide de faire des informations que je lis, cela mouvre a des champs de pensee completement inconnus pour moi jusqualors et, moi qui adore apprendre et decouvrir, je me prepare de longues heures de reflexion! 
Il est traite du travail que Sri Aurobindo et La Mere sont venus accomplir sur Terre et a travers le prisme de leur vie, lauteur explique un tas de choses sur la vie et remet a plat toutes nos croyances occidentales sur la vie, la mort, Dieu... 
Encore une fois, quoi que je decide den faire, me remettre en question et remettre en question mes croyances et mes conditionnements, est vraiment salutaire et mapporte beaucoup. Japprends egalement combien nous avons une responsabilite dans ce que nous sommes, physiquement et "mentalement". Cela peut paraitre comme un lieu commun, mais, pour ma part, il y avait une foule de choses que javais integre comme etant un fait, parce ce quon me lavait appris ou que je lavais deduis de ce que je voyais, sans me poser davantage de questions. Etre en conscience du fait que lon peut ou meme que lon a a agir sur cela pour evoluer et ne pas rester ancre dans un fonctionnement qui nest plus le notre ou qui nest en tout plus adapte a lage ou a la situation, est pour moi source de bonheur et de liberation meme si cest beaucoup de travail! 

Je me sens nourrie ici, et le plus important peut etre est de pouvoir le partager avec les gens qui mentourent, car si cela vous semble abstrait ou fou, il faut vous imaginer quici, entre la poire et le fromage (au plutot le curry et le curd!!), chacun parle de ses experiences, de ses ressentis, partage ses connaissances. Cest pourquoi je ressens le besoin de le partager egalement avec vous, au risque detre mal comprise :) Mais je sais que chacun de vousmesure de mentendre sans me juger ;)

De facon plus pragmatique, je quitte donc Auroville pour une semaine a partir du 3 janvier. Nous avons fete Noel en petit comite, six, autour dune bonne bouffe avec foie gras (grace a qqun venu de France peu avant)!, pates, fromage et salade de fruits. Nous avions chacun fait un cadeau que nous avons tire au sort. Les chants de Noel ressonnaient grace aux enfants des ecoles de New creation, les guirlandes du sapin clignitaient, comme pour nous rappeler que malgre la chaleur, nous etions bien le 24 decembre! Jai ete invite a larbre de Noel de lashram egalement et la veille a lanniversaire de la fille dAnananya, une des indiennes du cercle de femmes. Encore de beaux moments que je vous ferai partager en photos des que possible.

Pour le Nouvel An, nous resterons probablement dans une energie douce afin dentamer une meditation autour de lUnite Humaine en cette annee des 1 (01.01.11) a 1h11 du matin. Cela demande a etre precise et jespere pouvoir vous ecrire un article la dessus prochainement.

Beaucoup de paroles aujourdhui, jespere ne pas vous avoir trop envahi! Jespere que tout le monde a passe de bonnes fetes, merci a tous pour vos messages, je vous repondrai personnelement dans la semaine (peu delectricite en ce moment). Cynthia, toutes mes pensees vont vers toi.




lundi 20 décembre 2010

Aventures auroviliennnes (2)

Je suis installee dans la communaute New Creation depuis une semaine, en collocation avec Coline, une jeune francaise de 25 ans, et Milena, notre voisine de  21 ans. Ce lieu est tres charmant : plusieurs batiments blanchis a la chaux, dissemines dans un jardin avec un petit lac, une cuisine communautaire accessible n'importe quand, des cours de danse et de yoga... Andre, le francais qui tient cette guest house, est aussi a lorigine de plusieurs ecoles. Cest donc aux cris des enfants que nous nous reveillons le matin!


Notre chambre

Symbole d'Auroville sur le bâtiment

Chaque communauté a une architecture qui lui est propre

Banian de l'entrée

A la pizzeria de New Creation : Coline (ma coloc), Anton, Christiane, Maud et Milie (nos voisins)
 Ces nouvelles rencontres m'offrent encore d'autres perspectives, chacun connaissant des choses dans le domaines qui l'interressent le plus.

Mercredi, nous sommes allees a un concert melant l'Italie au Rajasthan. Un curieux melange a l'image de ce que nous vivons ici qui m'a enchante! J'ai peu l'occasion d'entendre de la musique ici et c'est un plaisir de renouer avec elle a travers un si beau concert! Cela se passait a l'auditorium du pavillon indien d'Auroville, ce qui peut paraitre assez austere au premier abord, mais des personnes se sont mises a danser dans les allees ect... C'etait vraiment tres chouette :) (premiere video pour l'occasion!!)




Jeudi, je suis allee visiter une exposition ou chaque pays a presente une oeuvre a partir du meme support impose. Original et sympahique.
De nombreuses expos et conferences sont organisees ici ou la mais il faut tendre l'oreille et ouvrir grand ses yeux pour les debusquer car l'info se transmet surtout par le bouche a oreille ici!

Dimanche dernier, nous sommes parties a Pondichery pour se perdre au Sunday Market. Comme son nom l'indique, tous les dimanches, les commercants sortent vetements et objets divers dans la rue, un peu comme les puces chez nous. Il y avait enormement de monde et de bruit, j'avoue que je perd l'habitude de cette foule a Auroville! Mais c'est toujours agreable de retrouver pour un temps l'ambiance indienne des villes, surtout quand l'on sait que l'on va retrouver le calme quelques heures plus tard! Nous avons pris notre repas dans un restaurant populaire dont je vous livre quelques spécialités.



La grande crèpe au fond est un dosa, puis curry de légumes et riz

L'éléphant du temple rentre à la maison, Incredible India!

Quelques photos des plages d'Auroville, au milieu des filets de pêche et des bateaux multicolores, pour vous donner un peu de chaleur :)




Au delà de tout cela, je poursuis yoga, massage, médiation....

Nous préparons doucement Noel, comme ce doit  être le cas chez vous! 2,5% de la population est chrétienne soit tout de même 25 millions d'indiens, aussi, il n'est pas rare de voir un sapin clignotant ici ou là!

Je vous souhaite à tous de joyeuses fêtes, et m'excuse pour ses deux articles un peu décousus, mais je rencontre quelques soucis avec l'ordinateur!

Une journée à Sadhana Forest - Auroville, India

Vendredi, la communauté de Sadhana Forest fêtait ses 7 ans d'existence.

A l'origine, une famille de 5 personnes qui souhaitait planter des arbres. Très vite, les premiers volontaires sont apparus et petit à petit une vraie communauté est née. On compte actuellement 25 personnes qui y résident à l'année et près de 60 volontaires, s'engageant pour minimum 1 mois.



Les objectifs se sont étendus avec le reboisement et la plantation et protection d'espèces en voies de disparition.

Cette communauté est complètement écologique. Un système de récupération des eaux très astucieux permet de ne pas en perdre une seule goutte, les toilettes sont sèches grâce à du compost, l'énergie est solaire, le potager bioogique.... Les conditions de vie y sont du coup sommaire mais au plus proche de la nature et dans le respect total de l'environnement.
Chaque volontaires travaillent environ 4h pour la forêt et 2h pour la communauté : préparation des repas, nettoyage... Ils donnent 200rps (3,20E) par jour pour la participation aux frais de fonctionnement.


Panneaux solaires





De nombreuses activités étaient organisées à l'occasion de cet anniversaire, fêté dans la joie et la bonne humeur : conférences sur la permaculture ou le compost, initiation à la danse africaine, la capoiera ou les bodypercussion, artisanat...


Maquillage

Dream Catcher

Bodypercussion

Nous avons pris notre repas tous ensemble dans la grande hutte principale.



Repas communautaire

La fin de journée s'est cloturée par un film francais de Coline Sereau "La belle verte", fable écologique amenant à réfléchir sur notre façon de vivre.


J'ai beaucoup apprécié cette journée et, au-delà, le concept de cette communauté. Les gens y sont réunis dans une belle harmonie, très proches les uns des autres, de par l'isolement et les conditions de vie plutot rudes j'imagine, peut-être aussi parce que se rapprocher de la nature nous rapproche de nous-mêmes. 

Un beau concept, un bel avenir?

samedi 11 décembre 2010

Aventures auroviliennes

Ces derniers jours ont encore été riches en découvertes en tout genre :)

Mercredi matin, je suis allée avec Sylvie, prendre un cours de poterie auprès d'une sympathique indienne. J'ai trouvé très intéressant qu'elle puisse nous expliquer les techniques de bases, auxquelles je n'avais jamais été enseigné malgré mes années à l'école d'art. J'ai pu réaliser deux pots, mais au delà de ça, c'est le contact avec la terre que j'ai apprécié de retrouver : ce contact presque charnel avec la glaise humide, la matérialisation de son idée sous ses doigts, l'absorption dont l'esprit fait preuve et qui lui permet de se détacher du mental... Un joli moment...


La prof





 
Jeudi, après notre séance de yoga matinal, nous sommes comme à notre habitude allées prendre un petit dej avec Sylvie, Catherine et Isabelle dans une des communauté d'Auroville. Nous avons choisi cette fois de nous rendre au Wall Paper Coffee à Swedam.




C'est une communauté spécialisée dans l'artisanat à base de papier journal. Ils créent toutes sortes de choses utiles pour le quotidien : panières, lampes, dessous de plat, broches et barrettes pour les cheveux, ceintures, bijoux... C'est bluffant et écologique, bravo! Ce lieu est en outre dissimulé dans la forêt, au calme.
Ces moments sont toujours pour nous l'occasion d'échanger et de partager nos expériences, riches de nos différences d'âge et de parcours. Ce rituel revêt je crois maintenant une belle importance à nos yeux, d'autant qu'après deux heures de yoga, le corps et l'esprit sont pleinement disponible et ouvert.

Nous sommes ensuite allées visiter l'usine de papier, qui fabrique de manière artisanale, carnets, albums photos, décoration d'intérieur, bijoux... vendus en Inde et ailleurs. Moi qui adore les papiers, les textures, les couleurs, vous imaginez mon impatience à découvrir l'envers du décor! Car bien sur, à peine arrivées, des personnes ne sont rendues disponibles pour nous faire une visite guidée et même... nous apprendre à fabriquer des feuilles de papiers grâce à un mélange de fibres de bananier et de feuilles d'ananas! Ainsi, il nous a fallu tremper un espèce de canevas dans le mélange, le retourner sur un tissu que nous recouvrions d'un autre linge, puis une fois la vingtaine de feuilles prêtes, nous sommes allées presser le tout dans une machine ayant une puissance de près de 50 tonnes (!) avant de les décoller pour les faire sécher entre de grandes feuilles cartonnées. Ce moment est particulièrement émouvant car c'est là que l'on se rend compte de ce que l'on a fabriqué et du rendu final! J'ai beaucoup apprécié ce moment :)

Hier, nous nous sommes réunies autour de Sylvie afin de vivre notre premier cercle de femmes. Il s'agit d'un cercle réunissant des femmes (vous l'auriez deviné!) autour d'un sujet commun, d'échanger ses points de vue en se connectant à son intérieur pour en sortir le meilleur et le plus vrai.
Ce cercle réunissait Sylvie, en tant qu'animatrice, Isabelle, Catherine, son amie Alice, Ananya (une jeune indienne tenant une crèche et parlant couramment français, ayant fait en France sa dernière année de licence d'anglais), Nana (une dame ashramite de 77 ans, ayant fait partie des premiers élèves de l'ashram et de Mère, parlant donc également français) et moi-même.





Sylvie, Moi, Catherine, Alice, Nana, Ananya, Isabelle


Un ensemble de rituel préalable permet de se connecter aux énergies de chacune puis de se centrer.
Ce cercle est lié à la tradition amérindienne et aux quatre accords toltèques
  1. Que votre parole soit impeccable : parlez avec intégrité, ne dites que ce que vous pensez. N’utilisez pas la parole contre vous ni pour médire d’autrui. 
  2. N'en faite jamais une affaire personnelle : ce que les autres disent et font n'est qu'une projection de leur propre réalité. Lorsque vous êtes immunisés contre cela vous n'êtes plus victimes de souffrances inutiles.
  3. Ne faites aucune supposition : ayez le courage de poser des questions et d'exprimer vos vrais désirs. Communiquez clairement avec les autres pour éviter tristesse, malentendus et drames
  4. Faites toujours de votre mieux : Votre “mieux” change d’instant en instant. Quelles que soient les circonstances, faites simplement de votre mieux et vous éviterez de vous juger.
Passer avec soi-même ses accords permettraient de briser nos croyances limitatives, fruits de nos conditionnements et projections personnelles que nous avons intégré depuis l'enfance et qui nous maintiennent dans un état de souffrance tout en nous empêchant d'accéder à une juste image de nous et du monde.

C'est donc dans cette tradition que s'ancre le cercle. Nous avons fabriqué ensemble un bâton de parole, matérialisant, pour celle qui l'a en main, le temps de parole et d'expression libre dont elle dispose sans que personne ne puisse l'interrompre.

Nous avons discuté autour du premier accord et de la notion de "parole impeccable", que nous avons traduit par une parole au plus juste de notre ressenti, de ce que nous sommes au plus profond de nous. Une parole qui sort de notre être entier et en est le reflet fidèle. C'est souvent loin d'être le cas dans nos communications respectives, chacun étant aux prises avec ses propres croyances, ses propres démons.

Nos réflexions nous ont également amené à parler de nos vies, d'orient et d'occident. L'Orient où l'on vit de l'intérieur vers l'extérieur, à l'Occident où c'est de l'extérieur vers l'intérieur...

Le mélange des générations et des cultures a été fort riche et nous allons renouveler l'expérience tous les 15 jours en l'ouvrant à un plus large public. Merci Sylvie!

lundi 6 décembre 2010

Pondichéry, ville de contrastes

Auroville est située à quelques kilomètres seulement de Pondichéry, ancien comptoir français du golfe du bengale.

J'ai eu l'occasion d'en arpenter les rues mercredi dernier, je vous en livre ici mes impressions.

J'étais déjà venue dans cette ville il y a deux ans, lors de mon premier voyage en Inde. Elle ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, j'en gardais l'image d'une ville sombre et bruyante, à l'image de dizaines d'autres cités indiennes.

J'étais donc très heureuse de pouvoir réviser mon jugement, au regard de mes autres pérégrinations indiennes et de mon ressenti du jour. En effet, je crois que selon comme l'on se sent, on perçoit les choses qui nous entourent de manière très différente, comme si la vie prenait la couleur de son humeur. Elle fut rose ce jour là :)

Il faut dire que la journée a plutôt bien commencé puisque c'était jour de Darshan (littéralement : "vision du divin" ou "être en présence de la divinité") à l'ashram de Sri Aurobindo.


Entrée de l'ashram (photo provenant d'internet)

Un ashram (littéralement : "lieu defforts") est un lieu où l'on vient apprendre et vivre les enseignements de son Guru (littéralement : "celui qui dissipe l'ombre" ou "emprunt de sagesse"), de son maitre spirituel. Il en existe des dizaines en Inde, celui de Pondichery est particulièrement connu car Sri Aurobindo a été un leadeur de la politique indienne au début du siècle dernier avant de se retirer à Pondi, où s'est crée autour de lui et de La Mère cet ashram puis Auroville.
Les jours de Darshan, sont des jours très particulier dans l'année qui célèbrent des dates anniversaires, comme la mort terrestre de l'un ou de l'autre par exemple. Ces jours là, une méditation collective a lieu à 6h au Samadhi (cour fleurie ou reposent les corps des deux gurus dans leurs tombeaux) puis la chambre de Sri Aurobindo est accessible aux visiteurs.


Le Samaddhi (photo provenant d'internet)

Pour des raisons météorologiques, nous n'avons pu participer à la méditation matinale mais nous avons pu par contre, pénétrer dans la chambre. Une longue file d'attente, immobile et silencieuse, s'étirait sur le trottoir avant l'ouverture des portes. Puis, dans un recueillement profond, chacun a pu se rendre dans la pièce où Sri Aurobindo méditait et travaillait. Atmosphère toute particulière, première expérience de ce type pour moi.....

Puis, j'ai parcouru la ville, en commençant par le quartier français, dans le silence matinal. Les larges avenues pavées portant de doubles noms, français et indiens, sont dotées de trottoirs et d'arbres. Les maisons d'allures coloniales sont colorées de rose et de jaune. Les quelques personnes que je croise se déplacent à pied ou à vélo. Le front de mer dégage une belle promenade le long de la plage, où se retrouvent familles et couples pour une promenade au couché du soleil. Cette ambiance paisible invite à la détente et au calme...






Je prends le temps de pénétrer dans les églises qui se présentent sur mon chemin, chacune témoignant d'un style bien différent.


Notre Dame des Anges


Notre Dame de l'Immaculée Conception


Une fois le canal traversé, ou du moins ce qu'il en reste, le quartier indien se profile. On l'entend plus qu'on ne le voit au départ : les klaxons ont refait surface, les pots d'échappement pétaradent, les gens s'interpellent et se saluent bruyamment... Les trottoirs sont encombrés de bric et de broc, l'odeur du chai et des iddlys (sortes de boules de pâte de lentilles et de riz servies avec un chutney coco et dégustées au petit dej) chatouillent les narines... On est bien en Inde!



Je me dirige vers le vaste marché de Pondi. Je crois bien que c'est la première fois que j'ai l'occasion de déambuler dans un marché indien comme celui-là! J'y pénètre par le coin des poissons : l'odeur est écoeurante, mes pieds s'enfoncent parmi les viscères, les femmes se chamaillent à grand bruit sur les prix tandis que les hommes me bousculent en portant des paniers de poissons sur leurs têtes. Rapidement, je m'éclipse vers le marché aux fleurs, quelques mètres d'écarts mais une ambiance toute différente évidemment : l'odeur du jasmin, douce et puissante, m'enveloppe, les guirlandes blanches et oranges des oeillets destinées aux pujas (prières) s'alignent délicatement tandis que des bras se tendent pour m'offrir cette parure que porte les femmes indiennes dans leurs tresses. Encore quelques mètres, et me voilà au milieu des choux-fleurs et des tomates, des fruits de la passion et des goyaves! Les couleurs sont lumineuses et les odeurs appellent au repas!
J'aurai aimé vous faire partager de belles photos de ce marché mais je n'ai pas voulu dénaturé cet accueil simple que l'on m'a réservé, dans ce lieu peu touristique et encore authentique.

Enfin, je suis allée dans deux des temples hindouistes qui ont croisé ma route. Je suis retournée dans le second, le Sri Manakula Vinayagar, dédié à Ganesh (d'où la présence d'un éléphant à l'entrée qui bénit de sa trompe les passants), avec Isabelle, Pokilei, la jeune femme qui s'occupe de la maison, et ses deux adorables fillettes. Nous les avons également emmené au Samaddhi, Pokilei n'ayant pas eu l'occasion de s'y rendre depuis plusieurs années et voulant faire découvrir ce lieu  à ses enfants. Ce fut un très bon moment :)


Entrée du temple n°1

Détails des sculptures


Détails des plafonds

Entrée du temple Sri Manakula Vinayagar



Sur la "plage"

Pondichéry, une ville à explorer et qui ne tarde pas à se faire aimer :)

dimanche 5 décembre 2010

Auroville, partir ou rester? Point de vue...

(En préambule, j'ai enfin pu mettre en ligne des photos avec les articles !)

Comme vous l'aurez compris, je vis quelque chose de fort et de nouveau ici. Auroville n'est pas vraiment l'Inde et en même temps, probablement que nulle part ailleurs elle n'aurait pu se développer en ce sens! Je vis à un autre rythme, dans un niveau de confort supérieur à celui qui est le mien en voyage habituellement. C'est la première fois que j'ai l'occasion de me poser réellement à un endroit, de profiter de ses charmes et de ses atouts.

J'ai réintégrer la maison d'Isabelle pour quelques jours et la suite... elle est toute à construire!

Catherine, une des jeune femmes que j'ai rencontré ici et qui se forme actuellement au Watsu, m'a fait une bien belle et généreuse proposition : elle m'invite à rejoindre la maison qu'elle va partager avec une autre amie française dès jeudi, afin que, sous le mode de la collocation, je puisse rester ici autant de temps que je le souhaite dans de bonnes conditions.
J'ai été touché par cette proposition qui constitue pour moi une jolie occasion de prolonger de quelques semaines l'expérience que je vis actuellement. Je prends le temps d'y réfléchir mais c'est comme si à l'intérieur, la décision emplissait déjà mon coeur.

Rester c'est aussi renoncer à une bonne partie du périple que j'avais envisagé pour découvrir le sud en profondeur... Mais l'important n'est-il pas de suivre ses aspirations? N'est-ce pas aussi pour ça que je suis partie, pour me sentir plus en harmonie avec mes valeurs et mes désirs? Je suis encore en réflexion, votre avis m'intéresse :)



D'autre part, je voulais dès à présent faire un point ici sur les dérives sectaires et/ou néocolonialistes que l'on prête parfois à Auroville. Entendez par "on" des personnes qui pour la plupart n'y ont jamais mis les pieds ou pour seulement y rester quelques jours. Je respecte le point de vue de chacun, mais il serait bon parfois de mettre son avis entre les guillemets de son ignorance et de nuancer ses propos au regard de son expérience singulière, comme je le fais en préambule de mes propres articles.
Ainsi, j'ai rapidement parcouru les recherches affichées par Google au mot "Auroville", les mots "Auroville secte" s'affichant très rapidement en concomitance. J'y ai lu des propos qui me sont apparus comme violents et souvent infondés.

  • En ce qui concerne les critiques de néocolonialisme :  
Rappelons-nous que 43% des auroviliens sont indiens, tamouls pour l'essentiel. Certains sont les enfants des villages environnants ayant été éduqués dans les écoles d'Auroville, d'autres ont rejoins Auroville plus tard, à leur initiative.
Il existe comme partout ailleurs, des jalousies ou des incompréhensions de part et d'autres. Pour autant, Auroville bénéfice à l'économie des villages et est engagée dans l'aide à ses populations, notamment au sein des villages de pêcheurs, ravagés par le tsunami de 2004 par exemple.
Je ne constate pas une si grande fracture entre les occidentaux et les indiens. En tout cas pas plus qu'ailleurs en Inde! Et les échanges que j'ai pu voir ou avoir avec les uns et les autres m'ont paru aussi respectueux que dans d'autres états. La répartition des richesses est très mauvaise en Inde, et on a pas attendu Auroville pour ça! Alors, certes, Auroville est née pour créér l'Unité Humane, c'est en référence à cela qu'elle essuie tant de critiques je pense. Mais cette ville est toujours en construction, et pas seulement sur le plan matériel. Elle tend encore à évoluer, et je l'espère, à s'améliorer.
Il est vrai que les occidentaux vivant à Auroville sont souvent issus de la classe moyenne voire de la frange supérieure et habitent parfois dans de très jolie maison à l'architecture moderne et avant-gardiste. Doivent-ils s'en excuser? Je ne le crois pas. Chacun a travaillé et travaille encore, sans pour autant spolier son voisin. D'autant que nous ne devons pas oublier que la propriété privée n'existe pas ici. C'est sûr que si je souhaitai m'installer demain à Auroville, je rencontrerai sûrement certaines difficultés du fait de mon manque de fonds ; comme dans tout société, Auroville dépend encore de l'argent et n'a pour l'instant pas les moyens de payer l'installation des nouveaux arrivants qui doivent par conséquent subvenir à leurs besoins dans les premières années.
La jalousie est mère de l'humanité, on peut le regretter mais...
  • En ce qui concerne les inquiétudes de dérives sectaires :
Une personne m'a dit un jour : une secte, il est facile d'y entrer mais très difficile d'en sortir. Auroville en est donc l'exact contraire : il est difficile d'y entrer et très facile d'en sortir!!!
Cette ville développe au contraire la possibilité pour chacun de découvrir ses propres ressources, de tracer son chemin, en mettant à sa disposition des moyens culturels et en favorisant les échanges entre les gens. Elle laisse la possibilité à tous de faire ses expériences et les encourage même en se définissant comme "laboratoire" pour l'évolution de l'Humanité.
La vision de La Mère et de Sri Aurobindo y est diffusé via des livres qui sont disponibles dans les bibliothèques ou des conférences organisées régulièrement. Chacun est bien sur libre d'y participer ou non, de se documenter ou non, d'y adhérer ou non, même si être en désaccord avec ce courant de pensée rends peut être difficile la compréhension du bien fondé d'Auroville. C'est dans ce but que je lis beaucoup en ce moment, afin de me faire ma propre opinion. C'est parfois assez ardu, mais cela ouvre tout de même de nouvelles perspectives.
Vu de l'Occident, cette sorte de culte voué à ses deux personnalités et particulièrement à La Mère, peut sembler inquiétant. Mais en Inde, suivre un Guru (ce terme n'a pas le sens galvodé qu'il a maintenant chez nous) est tout à fait normal, sain et n'a aucun connotation sectaire. C'est simplement adhérer à la pensée de quelqu'un sensé avoir une conscience supérieure à la sienne, tenter de la comprendre et de se l'approprier pour vivre de façon plus harmonieuse avec soi-même et avec les autres.
Aucun dons d'argent ou de biens n'est à ma connaissance demandé pour intégrer Auroville. Il faut simplement s'engager, nous l'avons évoqué, à pouvoir subvenir à ses besoins pendant deux ans, et à travailler pour la communauté dans la branche de son choix, en contre-partie d'une compensation financière mensuelle (étrange pour une secte de payer ses "adhérents" non?!).


Par ce message, j'ai voulu rassurer et expliquer, ce qui me semble être au plus juste de la réalité partagée. Espérant avoir été claire dans mes propos :)